Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/427

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définie. S’il est vrai que l’âme, du moment qu’on la reconnaît dans son essence, est connue, clairement ou obscurément, comme préexistante, il est vrai aussi qu’une semblable préexistence est accordée, dans la pensée populaire, à tout rapport fécond en conséquences importances. C’est ainsi que Jean, étant entré, par le baptême qu’il donna au Messie Jésus, dans une relation si significative avec lui, dut l’avoir connu dès auparavant en qualité de Messie ; connaissance qui est racontée d’une manière brève et peu précise dans Matthieu, mais dont Luc développe les détails, quand il rapporte que leurs mères se connurent, et que les deux enfants, encore dans le sein maternel, furent rapprochés l’un de l’autre[1].

Tout cela manque dans le quatrième évangile, d’après lequel Jean-Baptiste exprime une assertion opposée ; nous ne nous hasarderons pas à décider si c’est par des motifs historiques ou parce qu’un autre intérêt a prévalu sur l’intérêt signalé ci-dessus ; en effet, moins Jean-Baptiste avait connu précédemment Jésus, qu’ensuite il éleva si haut, plus la scène merveilleuse qui lui révéla Jésus prenait de gravité, et plus aussi ses relations avec ce dernier perdaient un caractère naturel, pour recevoir le caractère d’un miracle opéré immédiatement par Dieu même.


§ XLV.


Jésus a-t-il été reconnu par Jean comme Messie, et dans quel sens ?

À la question de savoir si Jésus a été connu de Jean dès avant le baptême tient cette autre question : Quelle idée s’est faite, en somme, Jean-Baptiste de Jésus et de sa messianité ? D’après tous les récits évangéliques, Jean, avant l’arrivée de Jésus auprès de lui, déclare de la manière la plus précise que prochainement viendra un autre avec lequel

  1. Comparez De Wette, Exeget. Handb., 1, a. S. 33.