Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/139

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— Alors que vient-elle faire à Orange, cette belle Gauloise ?

— C’est ce que tout le monde se demande ; enfin, avant-hier, plusieurs jeunes seigneurs romains, trouvant impertinente cette sauvagerie de la belle Gauloise… Mais vous savez sans doute l’aventure ?

— Non, par Hercule !… Continuez.

— Ces jeunes seigneurs, accompagnés de plusieurs esclaves armés de haches et de leviers, ont ordonné à ces coquins d’enfoncer la porte de la belle Gauloise…

— Par la vaillance de Mars ! un assaut en règle…

— L’assaut a été aussi vain que le reste ; car, grâce à je ne sais quelle intelligence secrète, le préfet de la ville, presque aussitôt instruit du siège de la maison de la courtisane, a envoyé à son secours un centurion suivi de ses soldats… Et, malgré la qualité des jeunes seigneurs, deux d’entre eux ont été conduits dans la prison du prétoire…

Sylvest, durant cet entretien qui l’intéressait profondément, avait prolongé autant que possible les soins de son service ; cependant, craignant d’éveiller les soupçons de son maître, il allait s’éloigner, lorsque Diavole lui dit :

— Reste !…

Et s’adressant à Norbiac :

— Je dis à ce drôle de rester parce qu’il pourrait nous servir.

— Comment ! — demanda le Gaulois, — cet esclave pourra ?…

— Je m’expliquerai tout à l’heure. Continuez…

Sylvest resta donc dans un coin de la chambre, à la fois satisfait et très-surpris de l’ordre de son maître.

Norbiac continua :

— Il ne reste presque plus rien à vous apprendre, mon cher Diavole, sinon que je suis allé moi-même affronter le Cerbère… le vieil eunuque, homme à figure blafarde et gros comme un muid ; je lui ai offert cinq cents sous d’or pour lui, s’il voulait seulement m’écouter…

— Par Plutus ! voilà parler… et surtout agir en homme sensé… Eh bien, l’eunuque a-t-il ouvert l’oreille ?