— Il m’a répondu dans je ne sais quel barbare langage… moitié romain…
— Moitié gaulois peut-être ? — dit en raillant Diavole.
— Probablement ; car, grâce aux dieux, j’ai presque oublié le peu que m’avait appris ma nourrice de cette langue sauvage ; mais enfin, j’ai suffisamment compris l’eunuque pour être certain que toutes mes offres seraient vaines ; maintenant, mon cher Diavole, que me conseillez-vous ? Non-seulement, je suis fou de la belle Gauloise, mais la résistance, la difficulté augmentent encore ma passion… Jugez donc… triompher là où tant d’autres ont échoué !…
— Cela ferait la réputation d’un homme… et, huit jours durant, l’on ne parlerait que de vous dans Orange !
— Aussi me suis-je dit : le cher Diavole peut seul me conseiller en sa qualité de passé-maître en fait de séductions et d’intrigues amoureuses.
— Mon cher Norbiac, faites ce soir une offrande à Vénus de deux couples de colombes en or ciselé… Les prêtres de la bonne déesse préfèrent l’or à la plume.
— Une offrande à Vénus ? Pourquoi ?
— Parce qu’elle vous protège.
— Expliquez-vous.
Diavole, s’adressant alors à Sylvest, lui dit :
— Approche…
Sylvest approcha.
Son maître reprit :
— Mon cher Norbiac, regardez ce drôle.
— Cet esclave ! votre valet ?
— Oui, examinez-le attentivement.
— Est-ce une plaisanterie ?
— Non, par Hercule !… Voyons, ne trouvez-vous pas une certaine et vague ressemblance… environ comme d’une oie à un cygne ?