Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/232

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— Mon amour pour toi, pour notre enfant, me donnera cette force… Mais où fuir ? de quel côté ?…

— En partant à l’instant, nous pourrons arriver avant le jour dans une vallée sauvage et déserte où se trouve une caverne. Je m’y suis déjà rendu pour des réunions nocturnes… Nous resterons cachés là… nous prendrons en passant des fruits et des racines dans les jardins qui bordent la route… Un torrent n’est pas loin de la caverne ; nous n’aurons pas à craindre de manquer d’eau et de nourriture pour quelques jours… Plus tard, nous aviserons : peut-être les dieux auront-ils pitié de nous…

À ce moment, un cri horrible… un cri prolongé qui n’avait rien d’humain, mais affaibli par la distance, arriva aux oreilles de Sylvest et de sa femme qui dit, en frémissant :

— Ah ! ces cris… encore ces cris !…

— Tu les as déjà entendus ?…

— Plusieurs fois depuis que je suis ici à t’attendre… Tantôt ils cessent… et puis, au bout d’un assez long moment, ils repartent plus effrayants encore… Faustine supplicie quelque esclave…

— Faustine ! — s’écria Sylvest frappé de stupeur. Et se souvenant alors seulement de Siomara : — Ces cris viennent du temple du canal ?

— Oui… et pourtant on avait dit ce soir que notre maîtresse allait au cirque… mais au moment où je quittais la fabrique, un affranchi à cheval, venant de l’amphithéâtre, s’est dirigé à toute bride vers le temple, par les jardins, pour annoncer, disait-il, à Faustine, la mort de Mont-Liban.

— Plus de doute ! — s’écria Sylvest, — c’est Siomara… On l’aura transportée dans ce temple maudit… Oh ! malheur !… malheur !… Viens… viens, Loyse !…

— Où vas-tu ? — dit la compagne de Sylvest en s’attachant à son bras et le voyant courir éperdu. — N’entends-tu pas ces cris ?… Faustine est là !… Approcher du temple… c’est risquer de nous perdre…

Mais Sylvest n’écoutait plus Loyse… Plus il approchait de la ro-