comme Mont-Liban !… Par Hercule !… — ajouta le monstre avec un éclat de rire effrayant. — Mont-Liban est mort… vive Bibrix !… Évoë ! Évoë !… à moi, tous !… Évoë ! venez ! du vin, des chants, des fleurs… Morte est ma rivale !… Du vin… des chants… du vin !… toutes les ivresses !…
Et les instruments de musique retentirent : les chants obscènes, les cris de l’orgie devinrent frénétiques, et marquèrent la cadence de cette ronde infernale dont l’aspect avait déjà failli rendre Sylvest fou d’horreur !…
Siomara était morte, l’esclave n’avait plus qu’à fuir avec Loyse… et ce fut à peine si, haletant, éperdu, il put reconnaître son chemin à travers les ténèbres pour trouver la muraille du parc ; il la fit franchir à sa femme au moyen de la perche, et tous deux se dirigèrent en hâte vers la route de la vallée déserte………………………
Moi, Fergan, qui écris ceci, je suis fils de Pearon, qui était fils de Sylvest, dont le père se nommait Guilhern, fils de Joel, le brenn de la tribu de Karnak, le dernier Gaulois libre de notre famille.
Sylvest, mon grand-père, est mort à quatre-vingt-six ans.
J’étais alors dans ma quinzième année ; ma naissance avait coûté la vie à ma mère. Peu de temps après sa mort, Pearon, mon père, a été écrasé sous la roue d’un moulin qu’il tournait.
De plusieurs récits sur sa vie, que Sylvest, mon aïeul, devait me remettre, deux ont été perdus ; il ne m’a transmis, avec les autres parchemins de notre famille, que le récit précédent sur les événements de sa vie, alors qu’il était esclave du seigneur Diavole dans la ville d’Orange, et qu’ayant échappé par prodige à la mort qui l’attendait dans le cirque, il s’était rendu dans le jardin de la noble Faustine, où il avait retrouvé mon aïeule Loyse, et fui avec elle après les derniers cris de l’agonie de Siomara, torturée par la grande dame romaine.