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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/271

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LES MYSTÈRES DU PEUPLE.

— L’eussiez-vous donc aussi fait mourir de nouveau, cette pauvre fiancée revenant à la vie, mes bons seigneurs ? — demanda Aurélie.

— Oui, certes, — répondit Caïphe, — si elle eût été complice d’un imposteur ; et, puisque le seigneur procurateur nous laisse abandonnés à nos propres forces, moi et mon digne ami Baruch, nous allons vous quitter, afin de donner à l’instant des ordres relatifs à l’arrestation de ce Lazare.

— Faites, mes seigneurs, — dit Ponce-Pilate en se levant, — vous êtes sénateurs de votre cité.

— Seigneur Grémion, — dit Chusa, l’intendant de la maison d’Hérode, — je devais partir après-demain pour aller à Bethléem ; si vous voulez que nous voyagions ensemble, j’avancerai mon départ d’un jour, et nous nous mettrons en route demain matin ; nous serons de retour dans trois ou quatre jours ; je profiterais de votre escorte, car, dans ces temps de troubles, il fait bon d’être bien accompagné.

— J’accepte votre offre, seigneur Chusa, — répondit le tribun du trésor ; — je serai ravi de voyager avec quelqu’un qui, comme vous, connaît le pays.

— Chère Aurélie, — dit tout bas Jeane à son amie, — vous vouliez voir le jeune maître de Nazareth ?

— Oh ! plus que jamais, chère Jeane ! Tout ce que j’entends redouble ma curiosité…

— Venez demain à ma maison après le départ de votre mari, — reprit Jeane à voix basse, — et peut-être trouverons-nous moyen de vous satisfaire.

— Mais comment ?

— Je vous le dirai, chère Aurélie.

— À demain donc, chère Jeane.

Et les deux jeunes femmes quittèrent, ainsi que leurs maris et l’esclave Geneviève, la maison de Ponce-Pilate.