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CHAPITRE II.


La taverne de l’Onagre. — Aurélie et Geneviève. — Les mendiants. — Les courtisanes. — Les mères et les petits enfants. — Les émissaires des princes des prêtres et des docteur de la foi. — Pierre. — Celui qui travaille doit être nourri. — Paix universelle. — Arrivée du jeune maître de Nazareth.

La taverne de l’Onagre était le rendez-vous des conducteurs de chameaux, des loueurs d’ânes, des portefaix, de marchands ambulants, vendeurs de pastèques, de grenades et de dattes fraîches en la saison, et plus tard d’olives confites et de dattes sèches. On trouvait aussi dans cette taverne des gens sans aveu, des courtisanes de bas étage, des mendiants, des vagabonds, et de ces braves dont les voyageurs achetaient la protection armée lorsqu’ils se rendaient d’une ville à une autre, afin d’être défendus contre les voleurs des grands chemins par cette escorte souvent fort suspecte. On y voyait aussi des esclaves romains amenés par leurs maîtres dans le pays des Hébreux…

La taverne de l’Onagre avait mauvaise réputation : les disputes, les rixes y étaient fréquentes, et, aux approches de la nuit, l’on ne voyait guère s’aventurer aux environs de la porte des Brebis, non loin de laquelle était situé ce repaire, que des hommes à figures sinistres et des femmes de mauvaise vie ; puis, la nuit tout-à-fait venue, on entendait sortir de ce lieu redouté des cris, des éclats de rire, des chants bachiques ; souvent des gémissements plaintifs succédaient aux dis-