Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parents, soit au fils ainé de mon frère. S’il était mort sans laisser de postérité, ses héritiers ou ceux de sa femme déposeront entre tes mains, selon le vœu de notre aïeul Joel, la légende et les reliques de notre famille, et tu les transmettras à ta descendance. Si, au contraire, mon bon frère Kervan et ma douce sœur Roselyk m’ont survécu, dis-leur que je meurs en prononçant leurs noms toujours chers à mon cœur… »

— Telles ont été les dernières paroles de mon père Karadeuk.

— Et ce récit de la vie de mon frère et de la tienne ?

— Le voici, — répondit Ronan en débouclant son sac de voyage.

Et il en tira un rouleau de parchemin qu’il remit à Kervan. Celui-ci prit cet écrit avec émotion, tandis que, ôtant de sa ceinture ce long poignard à manche de fer qu’avait porté Loysik, puis le Veneur, et sur la garde duquel on voyait gravé le mot saxon : Ghilde, et les deux mots gaulois : Amitié, communauté, Ronan donna cette arme à son oncle, et lui dit :

— Le désir de mon père est que vous joigniez ce poignard aux reliques de notre famille. Lorsque vous aurez lu ce récit, lorsque je vous aurai raconté quelques événements qui le complètent, vous reconnaîtrez que cette arme peut tenir sa place parmi les objets que nos aïeux nous ont légués… pieuses reliques que je contemplerai avec respect. La veillée commence… après demain matin il me faudra vous quitter.

— Quoi ! si tôt ?

— Vous saurez la cause de mon prompt départ. Je vous prie donc de lire, dès ce soir, ce récit que je vous apporte ; demain je vous raconterai ce que je n’ai pas eu le loisir d’écrire, l’heure de mon voyage en Bretagne ayant été hâtée malgré moi… Pendant que vous lirez ceci, je désirerais vivement connaître la légende de notre famille, dont mon père m’a souvent raconté les principaux faits.

— Viens, — dit Kervan en prenant une lampe.

Ronan le suivit… Tous deux entrèrent dans une des chambres de