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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/270

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à tous nos leudes, évêques, ducs, comtes et autres, d’exiger pour eux et pour leur suite, ni argent, ni présent, ni logement, ni redevance de ce moine Loysik, ni de ceux qui s’établiront sur le territoire que nous lui avons accordé, les tenant et reconnaissant pour hommes libres. Que nul ne soit assez audacieux pour enfreindre nos commandements, nous voulons que ce moine Loysik, ses compagnons et leurs successeurs vivent libres et tranquilles sous notre protection. Et pour que le présent acte ait plus de force, nous avons voulu qu’il fût signé de notre main et scellé de notre sceau.

Clotaire (B).………………….

» L’évêque, en me remettant cette charte, m’a dit :

» — Je me suis bien gardé de mander à notre glorieux roi Clotaire qu’il s’agissait des Vagres. Il aurait par orgueil et vengeance, refusé la donation ; mais quand il saura que, grâce à elle, cette province n’a plus à craindre ces hommes déterminés, que l’on finirait toujours par écraser, mais au prix de nouveaux désastres, il ne regrettera pas sa concession. Maintenant, moine, j’ai foi à ta parole, je sais qu’on y doit compter, fais que pour mon repos la Vagrerie ne désole pas mon diocèse.

» L’évêque me parlait ainsi tantôt, lorsque quelques esclaves fugitifs sont venus annoncer l’approche de votre troupe ; le prélat m’a dit alors d’une voix suppliante : — Loysik, cours à la rencontre de ces Vagres, annonce-leur cette donation, apaise-les, dis-leur que si la récolte présente encore sur pied ne suffit pas comme je le crois à leurs besoins, en attendant celle de l’an prochain, je leur enverrai du blé, du vin, des bestiaux ; mes esclaves charpentiers les aideront à construire des maisons de bois avec les arbres de la forêt, en attendant qu’ils aient pu se bâtir des demeures de pierres, et à ces bâtisses mes esclaves de tous métiers s’emploieront encore… va, cours, moine, je ferai tous les sacrifices possibles pour vivre en bonne intelligence avec de si redoutables voisins…

» À cette heure, mes amis, mes frères, vous le voyez, de vous il dépend de vivre laborieux, paisibles, heureux et aussi libres qu’on peut l’être sous la domination franque ! Ceux d’entre vous qui voudront