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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/306

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— Oui… c’est le reflet de la lune sur l’armure des guerriers.

— Ce sont eux ! ce sont eux !… Entends-tu ces trois appels de trompe ?

— C’est le signal convenu… vite, vite… détachons le bac et passons à l’autre bord…

Les amarres du bac sont détachées et il est manœuvré par Placide et Félibien, au moyen de longues perches ; il touche à l’autre rive… Là, monté sur une mule, se trouve un homme de grande taille, vêtu d’une robe noire : sa figure est impérieuse et dure ; à côté de lui est un chef frank à cheval, escorté d’une vingtaine de cavaliers revêtus d’armures de fer ; un chariot rempli de bagage, traîné par quatre bœufs et suivi de plusieurs esclaves à pieds, arrive aussi sur la rive.

— Vénérable archidiacre, — dit Placide à l’homme à la robe noire, — nous commencions à désespérer de votre venue ; mais vous arrivez encore à temps… l’orgie, à cette heure, doit être complète ; toute la colonie, hommes, femmes, jeunes filles, est assemblée au monastère, et Dieu sait les abominations qui se passent en ce lieu sous les yeux de Loysik, qui provoque ces horreurs sacrilèges !

— Ces horreurs vont avoir leur terme et leur châtiment, mes fils. Mais, dites-moi, peut-on, sans danger, embarquer les chevaux de ces guerriers et le chariot qui porte mes bagages ?

— Vénérable archidiacre, cette cavalerie est nombreuse ; il faudrait au moins trois ou quatre voyages.

— Gondowald, — dit l’archidiacre au chef frank, — si nous laissions provisoirement sur ce bord vos chevaux, ma mule et mon chariot ? nous nous rendrions tout d’abord au monastère ; vos cavaliers nous accompagneraient à pied.

— Qu’ils soient à pied ou à cheval, ils suffiront à assurer l’exécution des ordres de ma glorieuse reine Brunehaut, et à housser du manche de nos lances ces moines et cette plèbe rustique si elle bronche…

— Vénérable archidiacre, nous qui savons de quoi sont capables