Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/316

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— Prends vingt hommes résolus, ils trouveront des armes dans l’arsenal, et cours au bac, afin de couper la retraite à ces Franks… Je me charge de ce qu’il reste à faire ici, car, foi de Vagre… je me sens rajeuni de cinquante ans !

— Et moi donc, Ronan, pendant la lecture de la lettre de cet insolent évêque, et surtout lorsqu’a parlé le valet de cette reine infâme, vingt fois j’ai cherché une épée à mon côté.

— Rassemble nos hommes au milieu de ce tumulte, sans être remarqué, je vais faire ainsi de mon côté ; l’arsenal contient suffisamment d’armes pour nous armer tous…

Et les deux vieux Vagres allèrent de ci, de là, disant un mot à l’oreille de certains colons ou moines, qui disparurent successivement au milieu du tumulte croissant, que dominait à peine la voix ferme et sonore de Loysik, répondant à l’archidiacre :

— L’évêque de Châlons n’a pas droit d’imposer à cette communauté une règle particulière ou un abbé ; nous choisissons librement nos chefs, de même que nous consentons la règle que nous voulons suivre, pourvu qu’elle soit chrétienne ; tel est le droit antérieur et originel qui a présidé à l’établissement de tous les monastères de la Gaule ; les évêques n’ont sur nous que la juridiction spirituelle qu’ils exercent sur les autres laïques ; nous sommes ici maîtres de nos biens et de nos personnes, en vertu d’une charte du feu roi Clotaire, qui défend formellement à ses ducs, comtes ou évêques, de nous inquiéter. Tu parles de conciles, moi aussi je les ai lus ; il y a de tout dans les conciles, le mal et le bien, le juste et l’injuste ; or, ma mémoire ne faiblit pas encore, et voici ce que dit fort justement cette fois le concile de 611 :

Nous avons appris que certains évêques établissent injustement abbés dans certains monastères, quelques-uns de leurs parents ou de leurs favoris et leur procurent des avantages iniques, afin de se faire donner par la violence tout ce que peut ravir au monastère l’exacteur qu’ils y ont envoyé.