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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/57

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Lorsque l’évêque se retourna inquiet de voir qui lui parlait ainsi, il vit avec effroi Ronan à la tête de ses compagnons, qui, comme lui, sortirent par l’issue du souterrain, en poussant des cris enragés… Tous, par plaisante humeur, les joyeux garçons, s’étaient noirci la figure avec les débris charbonnés des fagots destinés à produire les flammes de l’enfer et à jouer le miracle.

À la vue de ces hommes noirs, sortant de dessous terre, et hurlant comme des damnés, le leude, qui avait amené la petite esclave, crut aussi qu’ils venaient de l’enfer, et se précipita sur les traces de Neroweg en criant :

— Les démons ! les démons !…

Le comte, de plus en plus épouvanté, courut à l’écurie, s’élança sur son cheval, et à toute bride s’éloigna de la villa épiscopale ; ses leudes l’imitèrent, sautèrent sur leurs montures, abandonnant leurs armes dans la salle du festin, et tous prirent la fuite en tumulte, répétant avec épouvante :

— Les démons ! les démons !…




La villa épiscopale a été envahie par les Vagres depuis deux heures.

Qui dit donc une messe de nuit dans la chapelle de l’évêque ? les cierges sont allumés sur l’autel, ni plus ni moins que pour la fête de Pâques ; ils éclairent de leur vive lumière les premiers arceaux : le reste de la chapelle est noyé d’ombre, jusqu’à la porte voûtée, à travers laquelle on aperçoit çà et là une lueur rouge, comme celle d’un brasier qui s’éteint… Quel brasier ? celui que formaient les débris embrasés de la villa épiscopale.

La villa a donc été incendiée par les Vagres ? Certes ; auraient-ils sans cela emporté des torches de paille ?

Au milieu du chœur sont entassées pêle-mêle les richesses de l’évêque : vases d’or et d’argent, saints calices et coupes à boire, boîtes à Évangiles et plats à manger, patènes et bassins à rafraîchir