Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/68

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quelques fruits des bois… un rayon de miel sauvage… un oiseau tombé de son nid…

— Aimez-vous… aimez-vous en frères, pauvres déshérités, nous dit-il sans cesse ; — l’amour rend le travail moins rude.

— Espérez ! — nous dit-il encore ; — espérez ! le règne des oppresseurs passera en ce monde, et pour eux sur cette terre, viendra l’heure d’un châtiment terrible… alors les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers.

— Jésus, l’ami des affligés, l’a dit : les fers des esclaves seront brisés… Espoir ! pauvres opprimés ! Espoir !

— Unissez-vous… aimez-vous… soutenez-vous… fils d’un même Dieu, enfants d’une même patrie !… Désunis, vous ne pourrez rien ; unis, vous pourrez tout… Le jour de la délivrance n’est peut-être pas éloigné… Amour, union, patience ! attendez l’heure de l’affranchissement comme l’attendaient nos pères.

— Oui, voilà ce que chaque jour l’ermite nous dit…

— Et de mes paroles, frères, il faut vous souvenir en ce moment, — reprit le moine laboureur. — Jésus l’a dit : malheur aux âmes endurcies ! miséricorde à qui se repent ! Votre évêque peut se repentir du mal qu’il a fait.

— Moine insolent ! tu oses m’accuser !

— Ce n’est pas moi qui t’accuse… c’est ta vie passée… expie-la par le repentir, tu obtiendras miséricorde…

— Je me repens d’une chose, infâme renégat ! c’est de ne pouvoir t’assommer sur l’heure…

— Ermite, notre ami, tu entends ce saint homme… tu vois sa repentance… qu’en faisons-nous, mes Vagres ?

— À mort ! celui qui enterre des vivants avec des cadavres ! à mort !

— Mes frères, vous m’aimez…

— Nous t’aimons, brave ermite, autant que nous abhorrons l’évêque Cautin…