Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessous et se sont enfuis, laissant Mylio et le vieux jongleur au pouvoir des moines ; ceux-ci ont dit qu’ils allaient faire emprisonner ces deux hérétiques dans le château du seigneur de ce bourg.

Aimery. — C’est impossible ! Raoul de Montjoire exècre autant que moi cette milice enfroquée : mais, pardieu ! j’ai peine à concevoir l’imprudence de ces moines ; se croient-ils donc dans le nord de la Gaule ?

Florette. — Hélas ! messire, ce que je vous raconte n’est que trop vrai ; aussi Mylio se voyant, malgré sa résistance, chargé de liens et entraîné, ainsi que son compagnon, m’a crié : « — Florette, va vite à Lavaur ; tu demanderas ton chemin, et en arrivant dans les faubourgs de la ville, informe-toi de la demeure de Karvel-le-Parfait et dis à mon frère que l’on veut me retenir ici prisonnier. » Alors je me suis hâtée d’accourir ici…

La dame de Lavaur. — Pauvre petite !… Et sans doute vos forces trahissant votre courage vous êtes tombée évanouie à deux cents pas d’ici, à l’endroit où nous vous avons trouvée au bord du chemin ?…

Florette. — Oui, madame ; mais ! par grâce, sauvez Mylio ! ces moines vont le tuer peut-être !

Aimery, à Karvel. — Je reconduis ma sœur à Lavaur, puis nous montons à cheval pour nous rendre chez Raoul ; et nous ramènerons Mylio, j’en réponde !

Florette soudain tressaille, prête l’oreille du côté de la porte, se lève et s’écrie : — C’est lui !… j’entends sa voix !

Mylio, suivi de Peau-d’Oie, entre presque au même instant ; Florette, Karvel, Morise s’élancent à la rencontre du trouvère, il répond à leurs étreintes avec un bonheur inexprimable. Aimery, Aloys et sa mère, doucement émus, contemplent ce tableau, et la dame de Lavaur dit à son frère à demi-voix : — Ah ! celui qui inspire de pareilles affections doit les mériter !

Aloys, tout bas à Giraude, en lui montrant Peau-d’Oie resté à