publics accomplis durant cette longue période. Ce récit était précédé des feuillets perdus ; le voici, ainsi que la seconde partie de cette légende, aussi écrite par mon aïeul : — Le Couteau de Boucher ou Jeanne-la-Pucelle.)
… Moi, Mahiet-l’Avocat d’armes, après vous avoir raconté, fils de Joel, les rares incidents de mon obscure existence, consolée, charmée par les vertus angéliques de ma bien-aimée Denise, toujours regrettée, je dois vous faire connaître ce qui s’est passé en Gaule depuis la mort d’Étienne Marcel jusqu’à ce jour, ainsi que nos pères ont toujours fait de siècle en siècle en nous léguant ces annales de notre famille.
Sachez, fils de Joel, les horribles désastres dont la pauvre vieille Gaule, notre mère patrie, soumise depuis Clovis à ces rois étrangers issus de la conquête franque, a souffert sans intervalle pendant les soixante-dix années qui ont suivi le supplice de Marcel ; d’une partie de ces maux j’ai été témoin, car je touche bientôt à ma quatre-vingt-seizième année.
Malgré des misères sans fin, sans nombre, malgré l’oppression des rois et des seigneurs, de nouvelles insurrections ont encore éclaté, tour à tour victorieuses et vaincues ; mais, ainsi que déjà vous l’avez vu dans la légende de notre famille, chaque lutte doit porter ses fruits. Oui, de même que le libre et fier esprit des communes, que Louis-le Gros croyait avoir étouffé dans le sang des communiers, se ranimant d’âge en âge, plus vivace que jamais, s’est révélé dans toute sa puissance en 1357 au patriotique appel de Marcel, de même ces immenses réformes imposées à la royauté par le génie de ce grand citoyen, passagèrement disparues devant le découragement du peuple, devant le parjure, la trahison, les violences sanguinaires,