Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/285

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terre natale et à sa race, car, Breton, il attaquait la Bretagne comme soudoyer d’un roi franc ; aussi le nom de Duguesclin a été, est et sera en exécration parmi les fils de l’Armorique. J’ai connu au village de Domrémy, non loin de Vaucouleurs, une femme de Vannes, nommée Sybille, venue en Lorraine après cette guerre impie. Sybille était l’une des marraines de Jeanne-la-Pucelle, alors enfant, et savait beaucoup de légendes et de bardits, entre autres celui-ci, composé à l’occasion de la trahison de Duguesclin. Les Bretons, menacés par les troupes de Charles V, avaient rappelé leur duc Jean IV, réfugié en Angleterre après son détrônement. Lisez-le, ce bardit, fils de Joel, lisez-le, il vous prouvera que si asservie que soit l’Armorique, elle conserve une patriotique horreur pour la race des conquérants des Gaules.


le cri de guerre contre les français.


— « Un navire est entré dans le golfe ses blanches voiles déployées. — Le seigneur Jean est de retour. — Il vient défendre son pays. — Nous défendre contre les Franks qui empiètent sur les Bretons. — Un cri de joie fait trembler le rivage. — Les montagnes du Laz résonnent. — La cavale blanche hennit, bondit d’allégresse. — Les cloches chantent joyeusement dans toutes les villes à cent lieues à la ronde. — L’été revient, le soleil brille, le seigneur Jean est de retour ! — Il a sucé le lait d’une Bretonne, un lait plus sain que le vin vieux. — Sa lance, quand il la balance, jette de tels éclairs qu’elle éblouit tous les regards. »




— « Frappe toujours sur les Franks, seigneur duc ! — Frappe, courage ! lave tes mains dans le sang français. — Tenons bon, Bretons ! tenons bon ! ni merci, ni trêve, sang pour sang ! — Le foin est mûr ; qui fauchera ? Le blé est mûr ; qui moissonnera ? — Le roi des Franks prétend que ce sera lui. — Il va venir fau-