Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suppliant d’Aveline, fit un geste d’horreur, cacha sa figure entre ses mains et s’élança sous la voûte comme un insensé suivi des hommes d’armes chargés de veiller sur lui.

— Il me méprise… — murmura la serve d’une voix mourante en suivant son mari d’un œil hagard, — maintenant il ne m’aime plus.

En disant ces mots, Aveline devint livide, ses genoux se dérobèrent ; elle perdit connaissance et eût tombé sur le sol sans Guillaume Caillet qui, accourant, la reçut entre ses bras et lui dit : — Ton père te reste. — Puis, aidé d’Adam-le-Diable, il la souleva, et tous deux, emportant la jeune fille évanouie entre leurs bras, disparurent dans la foule.

Mahiet-l’Avocat, témoin de ce navrant spectacle, entra précipitamment sous la voûte qui aboutissait au parvis, rejoignit les gardiens de Mazurec, et dit à l’un d’eux :

— Ce serf que l’on emmène est appelé en duel judiciaire.

— Oui, — répondit l’homme d’armes, — il doit se battre contre le chevalier Gérard de Chaumontel.

— Il faut que je parle à ce serf.

— Impossible…

— Je suis son parrain d’armes dans ce combat, oserais-tu m’empêcher de voir et d’entretenir mon client ? par la mort Dieu ! Je connais la loi… et si tu refuses…

— Il n’est pas besoin de crier si fort… Si tu es le parrain d’armes de Jacques Bonhomme… viens… tu as là un fameux champion !




Le tournoi ou pardon d’armes, ruineux spectacle offert à la noblesse du pays par le sire de Nointel à l’occasion de ses fiançailles, avait lieu dans une vaste prairie située aux portes de la ville ; le lieu du combat appelé champ clos ou lice de bataille, était, selon l’ordonnance royale de l’an 1306, de quatre-vingts pas de longueur sur quarante de largeur et entouré d’un double rang de barrières, laissant entre elles un espace de quatre pieds. Dans cet intervalle se tiennent les sonneurs de