Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/156

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un peu alarmé, j’eus le courage de regarder dehors, mais sans abandonner ma chaise ; et alors je vis un animal capricieux, bondissant et sautant de tous côtés, qui enfin s’approcha de ma boîte, et la regarda avec une apparence de plaisir et de curiosité, mettant sa tête à la porte et à chaque fenêtre. Je me retirai au coin le plus éloigné de ma boîte ; mais cet animal, qui était un singe, regardant dedans de tous côtés, me donna une telle frayeur, que je n’eus pas la présence d’esprit de me cacher sous mon lit, comme je pouvais faire très-facilement. Après bien des grimaces et des gambades, il me découvrit ; et, fourrant une de ses pattes par l’ouverture de la porte, comme fait un chat qui joue avec une souris, quoique je changeasse souvent de lieu pour me mettre à couvert de lui, il m’attrapa par les pans de mon juste-au-corps (qui, étant fait du drap de ce pays, était épais et très-fort), et me tira dehors. Il me prit dans sa patte droite, et me tint comme une nourrice tient un enfant qu’elle va allaiter, et de la même façon que j’ai vu la même espèce d’animal faire avec un jeune chat en Europe. Quand je me débattais, il me pressait si fort, que je crus que le parti le plus sage était de me soumettre et d’en passer par tout ce qui lui plairait. J’ai quelque raison de croire qu’il me