Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/167

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représenter la sagesse de toute la nation. Je dis que ces deux corps formaient la plus auguste assemblée de l’univers, qui, de concert avec le prince, disposait de tout et réglait en quelque sorte la destinée de tous les peuples de l’Europe.

Ensuite je descendis aux cours de justice, où étaient assis de vénérables interprètes de la loi, qui décidaient sur les différentes contestations des particuliers, qui punissaient le crime et protégeaient l’innocence. Je ne manquai pas de parler de la sage et économique administration de nos finances, et de m’étendre sur la valeur et les exploits de nos guerriers de mer et de terre. Je supputai le nombre du peuple, en comptant combien il y avait de millions d’hommes de différentes religions et de différens partis politiques parmi nous. Je n’omis ni nos jeux, ni nos spectacles, ni aucune autre particularité que je crusse pouvoir faire honneur à mon pays, et je finis par un petit récit historique des dernières révolutions d’Angleterre depuis environ cent ans.

Cette conversation dura cinq audiences dont chacune fut de plusieurs heures, et le roi écouta le tout avec une grande attention, écrivant l’extrait de presque tout ce que je disais, et marquant en même temps les questions qu’il avait dessein de me faire.