Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/319

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tes de paille, et me couvris de mes habits ; en sorte que j’y passai la nuit fort bien, et y dormis tranquillement. Mais je fus bien mieux dans la suite, comme le lecteur verra ci-après, lorsque je parlerai de ma manière de vivre en ce pays-là.


CHAPITRE III.

L’auteur s’applique à bien apprendre la langue ; et le Houyhnhnm son maître, s’applique à la lui enseigner. — Plusieurs Houyhnhnms viennent voir l’auteur par curiosité. — Il fait à son maître un récit succinct de ses voyages.

Je m’appliquai extrêmement à apprendre la langue que le Houyhnhnm mon maître (c’est ainsi que je l’appellerai désormais), ses enfans et tous ses domestiques avaient beaucoup d’envie de m’enseigner. Ils me regardaient comme un prodige, et étaient surpris qu’un animal brute eût toutes les manières et donnât tous les signes naturels d’un animal raisonnable. Je montrais du doigt chaque chose et en demandais le nom, que je retenais dans ma mémoire, et que je ne manquais pas d’écrire sur mon petit registre de voyage lorsque j’étais seul. À l’égard de l’accent, je tâchais de le prendre en écoutant