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LE RÉGIME MODERNE


« le fais descendre, je l’administre, je veille à sa garde… Jésus habite sous votre clé ; ses heures d’audiences sont ouvertes et closes par vous ; il ne se remue pas sans votre permission, il ne bénit pas sans votre concours, il ne donne que par vos mains, et sa dépendance, lui est si chère, que, depuis dix-huit cents ans, il n’a pas échappé un seul instant à l’Église pour se perdre dans la gloire de son Père. » — Et, d’autre part, on leur fait boire à pleines gorgées le sentiment de la subordination, on les en imbibe jusqu’aux moelles[1]. « L’obéissance ecclésiastique est… un amour de la dépendance, un brisement du jugement… Voulez-vous savoir ce qu’elle est quant à l’étendue du sacrifice ? Une mort volontaire, le sépulcre de la volonté, dit saint Climaque… Il y a une sorte de présence réelle infuse dans ceux qui nous commandent… Prenons garde de tomber dans l’opposition sournoise du catholicisme libéral… Dans ses conséquences, le libéralisme est l’athéisme social… Il ne suffit pas de l’unité dans la foi romaine ; coopérons à l’unité dans l’esprit romain ; pour cela, jugeons, toujours Rome avec l’optimisme de l’affection… Chaque nouvelle définition dogmatique produit ses bienfaits : celle de l’immaculée Conception nous a donné Lourdes et ses merveilles vraiment œcuméniques. » — Rien de tout cela n’est de trop, et, devant les exigences des temps modernes, tout cela suffit à peine ; depuis que le monde est devenu incrédule, indifférent ou tout au

  1. Manrèze du prêtre, I, 279, 281, 301, 307, 308, 319.