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L’ÉGLISE


et répétés, dans les bals, les comédies et les parties de chasse, dans les divertissements et les galanteries que la fête annuelle de saint Bernard, par une disparate étrange, provoquait et consacrait. Plus de supérieurs trop riches, usufruitiers d’une mense abbatiale énorme, seigneurs suzerains et terriens, avec le train, le luxe et les mœurs de leur condition, avec carrosses à quatre chevaux, livrées, huissiers, antichambre, cour, chancellerie et officiers de justice, se faisant donner du monseigneur par leurs moines, aussi peu réguliers qu’un laïque ordinaire, excellents pour instituer dans leur ordre le scandale par leurs libertés et le relâchement par leur exemple. Plus d’ingérences laïques, d’abbés ou prieurs commendataires, intrus et imposés d’en haut ; plus d’interventions législatives[1] et administratives pour assujettir les moines et les religieuses à leurs vœux, pour les frapper d’incapacité et presque de mort civile, pour les exclure du droit commun, pour leur retirer la faculté d’hériter, de tester, de faire ou recevoir une donation, pour leur ôter d’avance les moyens de subsister et l’envie de rentrer dans le monde, pour les retenir par force dans leur couvent et mettre à leurs trousses la maréchaussée, s’ils se sauvent, pour prêter à leur supérieur l’aide du bras séculier et réprimer leur insubordination par la contrainte physique. Rien de tout cela ne subsiste après la grande destruction de 1790 ; sous le régime moderne, si quelqu’un entre et reste au cou-

  1. Prælectiones juris canonici, II, 205 (Édit de Louis XIII, 1629, article 9).