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LE RÉGIME MODERNE


insuffisances de l’éclairage, de l’aération et de la propreté, contre les exigences du propriétaire et du concierge, ils peuvent bien gronder quelquefois ; mais transformer la maison, l’aménager autrement, la reconstruire en tout ou en partie sur un autre plan, ils n’y songent pas. Car, d’abord, ils n’ont pas de plan ; ensuite, la maison est trop grosse et ses parties sont trop bien liées ; par son ensemble, par sa masse, elle tient et tiendrait indéfiniment, si tout d’un coup, en 1848, un tremblement de terre imprévu n’y venait faire une brèche.

II

Le lendemain même du 24 février 1848, M. Cousin, rencontrant M. de Rémusat sur le quai Voltaire, levait les bras au ciel et s’écriait : « Courons nous jeter aux pieds des évêques ; eux, seuls peuvent nous sauver aujourd’hui ». Et, dans la commission parlementaire, M. Thiers, avec une vivacité égale ; « Cousin, Cousin, avez-vous bien compris quelle leçon nous avons reçue ? Il a raison, l’abbé Dupanloup[1]. » De là le statut nouveau[2] ; le rapporteur, M. Beugnot, en explique nettement les motifs et l’objet : il s’agit pour les gouvernants « de recueillir toutes les forces morales du pays, de s’unir les uns aux autres pour combattre et terrasser l’ennemi commun », le parti antisocial, « qui, victorieux, ne ferait grâce à personne », ni à l’Université ni à

  1. L’Église et l’État sous la monarchie de Juillet, par Thureau-Dangin, 481 à 483.
  2. Loi du 15 mars 1850 (Rapport de M. Beugnot).