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L’ÉGLISE


Paris ont soin d’envoyer aux évêques l’esquisse toute faite de leur prochain mandement, le canevas sur lequel ils broderont les fleurs ordinaires de l’amplification ecclésiastique ; selon les lieux et les temps, le canevas diffère. En Vendée et dans l’Ouest, les prélats devront flétrir « les odieuses machinations de la perfide Albion », expliquer aux fidèles la persécution que les Anglais font subir aux catholiques d’Irlande. Si l’ennemi est la Russie, le mandement rappellera qu’elle est schismatique, et que les Russes méconnaissent la suprématie du pape. — Puisque les évêques sont fonctionnaires de l’empire, leurs paroles et leurs actes appartiennent à l’empereur ; en conséquence, il en use contre tous ses ennemis, contre tout rival, rebelle ou adversaire, contre les Bourbons, contre les conscrits réfractaires, contre les Anglais et les Russes, enfin contre le pape.

X

Ceci, comme l’expédition de Russie, est son grand et dernier coup de dés, la partie décisive et suprême qu’il engage en matière ecclésiastique, comme l’autre en matière politique et militaire. De même que, par contrainte et sous sa conduite, il coalise contre le tsar toutes les forces militaires et politiques de l’Europe, Autriche, Prusse, confédération du Rhin, Hollande, Suisse, royaume d’Italie, Naples, et jusqu’à l’Espagne, de même, par contrainte et sous sa conduite, il coalise contre le pape