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LE RÉGIME MODERNE


voirs durables, spirituels ou temporels, petit à petit, par la série ininterrompue et incontestée de leurs actes : de 1791 à 1870, tous les précédents ecclésiastiques, ajoutés l’un à l’autre, se sont consolidés l’un par l’autre et par leur masse ; incessamment leurs assises étagées ont monté et convergé pour porter plus haut le pape, tant qu’enfin, au sommet de l’édifice, le saint-siège est devenu la clé de voûte, et que l’omnipotence de fait s’est achevée par l’omnipotence de droit.

Cependant l’opinion catholique venait en aide à l’activité pontificale, et spontanément en France le clergé devenait ultramontain ; c’est qu’il n’avait plus de motifs pour être gallican. — Depuis la Révolution, le Concordat et les Articles organiques, toutes les sources qui entretenaient en lui l’esprit national et particulariste ont tari ; il a cessé d’être un corps distinct, propriétaire et favorisé ; ses membres ne sont plus ligués par la communauté d’un intérêt temporel, par le besoin de défendre leurs privilèges, par la faculté de se concerter, par le droit de tenir des assemblées périodiques ; ils ne sont plus, comme autrefois, rattachés au pouvoir civil par de grands avantages sociaux et légaux, par leur primauté d’honneur dans la société laïque, par leurs immunités en fait d’impôt, par la présence et l’influence de leurs évêques dans les États provinciaux, par l’origine nobiliaire et la magnifique

    gement fournirait une démonstration pratique… de l’infaillibilité dont Jésus-Christ a investi son vicaire sur la terre. » (Émile Ollivier, l’Église et l’État au concile du Vatican, I, 313.)