Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/284

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Ainsi d’écho en écho retentit la question éternelle, unique matière de la religion, de la poésie et de la science, poursuivie par toutes les puissances de l’homme « qui, alarmées, demandent, invoquent la lumière, comme les lèvres du voyageur altéré appellent la source dans le désert.» Mais jamais elle ne reparaît plus impérieuse que dans des temps comme les nôtres, où les anciennes réponses niées ou combattues laissent l’âme en proie au tourment du doute, battue par le vent des opinions contraires, ébranlée et arrachée à tous ses appuis. « Ce jour-là, l’humanité, assise sur les débris qu’elle a accumulés, ressemble au maître d’une maison le lendemain de l’incendie. La veille, il avait un foyer domestique, un abri, un avenir, un plan de vie. Aujourd’hui, il a tout perdu, et il faut qu’il relève ce que la fatalité de la fortune a détruit. »


II


Cette reconstruction est la découverte de la destinée humaine. Quelle est ma fin ? Quel but m’est assigné ? Que veut de moi la nature ? On va voir que la demande ici fait la réponse. Elle la contient et la présente ; en posant la difficulté, elle la résout ; en sorte que le caractère de M. Jouffroy,