Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/22

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d’une même droite[1]. Seulement, il ajoute : « Absolument parlant, c’est le mouvement qui est le contraire du mouvement ; mais le repos aussi y est opposé et, en outre, deux repos peuvent être contraires l’un à l’autre. » Il y a là une opposition vraie suivie de deux oppositions imaginaires.

D’un premier coup d’œil jeté sur l’univers, il nous semble voir que tout s’y répète : les mouvements périodiques des astres et les vibrations d’un rayon lumineux, si rapidement multipliées qu’il a l’air immobile ; dans les corps, même solides, la prodigieuse et rythmique agitation des molécules, et, dans l’être vivant, l’incessante régénération des mêmes tissus, la monotonie des mêmes mouvements respiratoires ou circulatoires, la propagation foudroyante des mêmes sensations le long des nerfs ; dans la cité, dans la nation, d’innombrables séries, compliquées et entrelacées à l’infini, d’actions similaires, articulations verbales semblables, coups de truelle ou coups de rabot semblables, coups de pinceau ou d’archet semblables, rites semblables, tous actes appris et imités par mode et par coutume, volontairement ou involontairement, et qui sont la fiévreuse activité continue des états les plus tranquilles en apparence, aussi bien que le monotone ressassement dissimulé des sociétés en apparence les plus révolutionnaires. — Or, d’un simple regard aussi sur l’univers, nous croyons voir que tout s’y oppose : antipodes, concave et convexe qui se font vis-à-vis, équilibre des forces qui se neutralisent, réaction partout égale et contraire à l’ac-

  1. « Dans le mouvement de translation, le mouvement en haut est le contraire du mouvement en bas ; le mouvement à droite est le contraire du mouvement à gauche. »