Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/82

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de juxtaposition dans l’espace ou dans le temps, ou d’adhérence physique, ou de combinaison chimique, ou d’accouplement vital, ou de liaison mentale, ou de solidarité sociale. Il y a ici intégration, c’est tout ce que nous savons. Cela suffit, du reste, pour que, malgré ce qui vient d’être dit ci-dessus, l’addition suppose toujours, au fond, quelque chose de plus qu’une simple juxtaposition ; elle suppose avant tout un lien qui unit les deux parties additionnées, lien physique, lien vivant, lien psychologique, lien social, tous conçus sur le type du lien psychologique. Mais ce type est double : il est fourni, en effet, soit par le sentiment de l’action volontaire, de l’effort par lequel nous nous approprions un objet désiré, soit par la conscience d’une conception qui soude deux idées en attribuant l’une à l’autre.


On démontre, en algèbre, que la soustraction d’une quantité négative équivaut à l’addition de cette même quantité considérée comme positive. L’inverse de cette proposition serait que l’addition d’une quantité positive fût équivalente à la soustraction de cette quantité considérée comme négative. Mais cette proposition serait fausse et impliquerait contradiction avec la première. Pourquoi donc ici cette absence de symétrie ? Pourquoi a + (+ a) n’égale-t-il pas a - a, mais égale-t-il au contraire a + a, tandis que a - (- a) égale a + a ? N’est-ce pas parce que l’addition est le rapport fondamental, essentiel, des quantités, celui en vertu duquel elles sont conçues et saisies ensemble par l’esprit, et en vertu duquel chacune d’elles, total de parties semblables, est pensée séparément ; que la soustraction, au contraire, est seulement l’inverse de l’addition, hors de laquelle et sans laquelle elle n’est point concevable ;