Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/143

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terre ferme : et si aucun vouloit dire autrement, ie m’en rapporte : de ma part ie n’ay trouué, que iamais ayt esté congnue, que depuis mil cinq cens trente, en ceste part de Ponent, auec autres tant loingtaines, que prochaines, et terre continente. Il y a bien une autre montagne en Hirlande, nommée Hecla[1], laquelle par certains têps iette pierres sulfureuses, tellemêt que la terre demeure inutile cinq ou six lieues à l’entour pour les cendres de soulfre dont elle est couuerte. Ceste îsle dont nous parlons, côtient enuirô sept lieues de circuit : nômée à bonne raison isle de feu, car la montagne ayant de circuit six cens septàte neuf pas, et de hauteur mil cinquante cinq brassées ou enuiron, iette continuellement par le sommet une flàbe, que l’on voit de trente ou quarante lieues sur la mer, beaucoup plus clerement la nuyt que le iour, pour ce qu’en bonne philosophie la plus grande lumiere anneantist la moindre. Ce que donne quelque terreur aux nauigans, qui ne l’ont congneue auparauant. Ceste flambe est accompagnée de ie ne sçay quelle mauuaise odeur resentant aucunement le soulfre, qu’est argument qu’au ventre de ceste montagne y a quelque mine de soulfre. Parquoy l’on ne doit trouuer telles manieres de feu estranges, attendu que ce sont choses naturelles, ainsi que tesmoignent les philosophes : c’est que ces lieux sont pleins de soulfre et autres mineraux fort chaux, des-

  1. Intéressante description du mont Hécla dans le Tour du Monde. n° 453. N. Nougaret. Voyage dans l’intérieur de l’Islande. Cf. La Peyrère. Relation de l’Islande.