Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/431

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degrez il se trouue, et en quelle hauteur est le lieu où il veut aller. La secôde le lieu où il se trouue, et le lieu où il espere aller, et sçauoir quelle distâce ou elôgnement il y a d’un costé à l’autre. La troisieme, sçauoir quel vent ou vents le seruiront en sa nauigation. Et le tout pourra voir et cognoistre par sa carte et instruments de marine. Poursuiuans tousiours nostre route six degrez deça nostre ligne, tenans le cap au Nort iusques au quinzième d’auril, auquel têps congneumes le soleil directement estre soubs nostre Zenith, qui n’estoit sans endurer excessiue chaleur, comme pouuez bien imaginer, si vous considerez la chaleur qui est par deça le soleil estant en Cancer, bien loing encores de nostre Zenith, à nous qui habitons ceste Europe. Or avant que passer outre, ie parleray de quelques poissons volans que i’avois omis, quand i’ay parlé des poissons qui se trouvent enuiron ceste ligne. Espéce de poissô volant. Il est donc à noter qu’enuiron ladite ligne dix degrez deça et delà, il se trouue abondance d’un poisson que l’on voit voler haut en l’air, estant poursuyvi d’un autre poisson pour le manger. Et ainsi de la quantité de celuy que l’on voit voler, on peut aisément comprendre la quantité de l’autre viuant de proye. Entre lesquels la Dorade (de laquelle auons parlé cy dessus) le poursuiuit sur tous autres, pour ce qu’il a la chair fort delicate et friande. Duquel y a deux especes : l’une est grande comme un haren de deça : et c’est celuy qui est tant poursuyui des autres. Ce poisson a quatre ailes, deux grandes faites comme celles d’une chauue-souris, deux autres plus petites aupres de la queue. L’autre ressemble