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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/483

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blâches corne neige, lesquelles sont fort bônes. Il s’en trouue de ceste espèce en l’Amérique et au Peru. Citrouilles, et côme ils en usent. Il y a d’auâtage force citrouilles et coucourdes, lesquelles ils mangent cuites à la braise, côme nous faisons les poires de par deçà. Il y a en outre une petite graine fort menue, ressemblât à la graine de Mariolaine, qui produist une herbe assez grade. Espèce d’herbe. Ceste herbe est merueilleusement estimée[1], aussi la font ils sécher au

  1. Voir plus haut § xxxii. Cette herbe, déjà signalée par Colomb et par Cartier n’est autre que le tabac. Second voyage, § x. « Ils font poudre de ladite herbe, et la mettent à l’un des bouts dudit cornet, puis ils mettent un charbon de feu dessus et soufflent par l’autre bout, tant qu’ils s’emplissent le corps de fumée, tellement qu’elle leur sort par la bouche et les narines comme par un tuyau de cheminée… Nous avons expérimenté ladite fumée, après laquelle auoir mis dans notre bouche, il semble y auoir de la poudre de poivre, tant elle est chaude. Les Canadiens l’avaient en haute estime. Lescarbot. (Nouvelle France. § 24) rapporte que « noz sauuages font aussi grand labourage de petun, chose très pretieuse entre eux et parmi tous ces peuples universelement. Apres qu’ils ont cuilli ceste herbe, ils la mettent secher à l’ombre et ont certains sachets de cuir pendus à leur col ou ceinture, dans lesquels ils en ont tousiours, et quant et quant un calumet ou petunoir, qui est un cornet troué par le côté, et dans le trou ils fichent un long tuyau duquel ils tirent la fumée… Et nos François qui les ont hanté sont pour la pluspart tellement affolez de ceste yvrongnerie de petun qu’ils ne s’en sçauroient passer non plus que du boire et du manger, et à cela depensent de bon argent, car le bon petun qui vient du Brésil coûte quelquefois un écu la liure. Cf. Sagard. P. 182, 222, 228, 747 et surtout 604. « le croy que le createur a donné aux Hurons le tabac ou petun, qu’ils appellent hoûan houan, comme une manne nécessaire pour ayder à passer leur misérable vie, car outre qu’elle leur est d’un goust excellentis-