Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/106

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écrits et par l’âge de Jean Cas tel, ne supporte pas le moindre examen ; mais propagée par les détracteurs de cette femme sans égale parmi ses contemporaines, elle nous montre quels furent les efforts de ses adversaires pour la combattre. Cette opposition, qui la poursuivit long-temps même après sa mort, n’en prouve que mieux l’influence de son école : c’était l'ombre du tableau où ses imitateurs firent briller ses traditions.

Jean Bouchet les a surtout conservées avec une fidélité scrupuleuse. II les reproduit dans son Triomphe de la noble et amoureuse dame et l’Art d’honnestement aimer[1] , dans les Angoisses et Remèdes d’amour, dans plusieurs de ses ballades, enfin dans le Jugement poétique de l’honneur féminin, où, après avoir signalé les femmes les plus célèbres de l’antiquité et de l’Italie moderne, il ajoute : « Je ne sauroys oublier les épistres, rondeaux et ballades en langue françoyse de Christine, qui (s)avoit la langue grecque et latine, et fu mère de Castel, homme de parfaite éloquence[2] »

La connaissance du grec paraît avoir été tout à fait étrangère à Christine , qui n’avait étudié les écrits d’Aristote que dans des traductions latines et françaises ; mais cette erreur n’en prouve que mieux la haute

  1. Imprimé à Poitiers, par Jehan et Auguilbert de Marnef frères, 1538.
  2. Le Jugement poétique de l'honneur féminin, nouvellement imprimé à Paris, par Guillaume de Bossozel, 1536, fo X, verso.