Aller au contenu

Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

estime dont cette femme jouissait auprès des écrivains du XVIe siècle. Les hommages qu’ils lui rendirent sont pourtant bien faibles à côté de ceux qu’elle reçut de ses contemporains, quelques années après sa mort. C’est ainsi qu’on lit dans le Champion des Dames[1], dédié, en 1440, à Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, un chapitre remarquable consacré presque en entier à dame Christine de Pisan, dont la renommée est très fresche et très clère. Martin-le-Franc, prévôt de l’église de Lauzanne, et plus tard secrétaire du pape Nicolas V, fut l’auteur de cette œuvre poétique, l’une des plus renommées du XVe siècle. Il y résume en quelque sorte toutes les pensées de Christine en l’honneur de son sexe, sans omettre les accusations de ses contradicteurs ; et c’est en la considérant comme le modèle des femmes de cette époque, qu’il ne permet plus de douter de son influence morale et littéraire.


...De France plusieurs dames
Furent apertes et habilles,
Et firent vergongnes et blasmes
Aux hommes en champs et en villes.


Mais auffort des choses passées,
Jugons par ce que véons or...
Aussy bien que dame Christine,
De la quelle, à trompe et à cor,
Le nom va partout et ne fine.

  1. Ms. de la Bibliothèque royale, suppl. français, B-632-2, fo 114.