Le langage amoureux limans,
Et polissans comme letton.
Mais elle, fut Tulle et Cathon !
Tulle : car en toute éloquence
Elle eut la rose et le bouton ;
Cathon aussi en sapience.
Ces vers de Martin-le-Franc, écrits à une époque où
l’on «ne doit aux morts que la vérité», et onze ans
après la composition du poëme de Jeanne d’Arc par
Christine, constituent pour notre écrivain un véritable
jugement historique dans toute sa rigueur. Ils confirment
à son égard tout ce que nous étions en droit de
présumer de son influence morale et littéraire, et lui
accordent surtout le prix de sagesse et de doctrine que
Clément Marot devait lui donner un siècle après. Quant
à la poésie, Christine en avait réuni toutes les fleurs
dans son jardin joly, où chacun venait cueillir celles
de son choix ; en un mot, sa renommée très fresche et très clère était une gloire nationale, et on pouvait la montrer
avec orgueil aux étrangers. C’est ainsi qu’en la comparant
aux meilleurs poètes de son siècle, à Froissard,
Guillaume Machaut, Alain Chartrier, Jean Castel, Pierre
de Nesson et Mercadé, Marlin-le-Franc la place au dessus
d’eux, et lui donne la rose et le bouton en sagesse et en
toute éloquence.
Telle est l’ensemble des principaux témoignages sur une femme, à peine aujourd’hui connue, et dont les ou-