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Les manuscrits indiqués contiennent le Roman d’Othéa et d’Hector, qui a été imprimé à la fin du xve siècle et au commencement du xvie, sous le titre de Cent Histoires de Troye[1]. Le livre contient en effet cent préceptes moraux, soutenus chacun d’un exemple tiré de la fable ou de l’histoire ancienne. En outre, chaque précepte, renfermé dans un quatrain et accompagné d’une exposition du sujet historique, finit par une leçon de morale et par la sentence de quelque philosophe ; tandis qu’à la marge est écrite une allégorie pieuse, contenant une maxime des Pères de l’église ou un passage latin emprunté à la Bible. Tel est cet ouvrage d’instruction chevaleresque, où le sacré se mêle au profane, comme les vers à la prose : c’est peut être celui où Christine a le plus sacrifié la simplicité, qui lui était naturelle, au goût particulier de son époque. N’oublions pas surtout que c’était un de ses premiers écrits, et parmi eux, une sorte d’exception pour le langage comme pour la forme littéraire.

Dans l’épître dédicatoire au jeune Louis, duc d’Orléans, Christine parle avec autant d’éloges de son père que de modestie d’elle-même.

    D’umble vouloir, moy, povre créature,
    Femme ygnorant, de petite estature,

  1. À Paris, Philippe Pigouchet, sans date ; à Lyon, en 1497 ; enfin, a Paris, par Philippe le Noir, en 1522.