D’avoir soulas com en joye me mette.
Com turtre sui !
Le sentiment du bonheur n’est pas moins bien exprime dans la ballade sur les douceurs du mariage :
Doulce chose est que mariage ;
Je le puis bien par moy prouver,
Voyre à qui mary bon et sage
A, comme Dieu m’a fait trouver.
Louez en soit-il, qui sauver
Le me vueille ! car son grant bien,
De fait, je puis bien esprouver ;
Et certes le doulz m’aime bien !
La première nuit du mariage,
Très lors poz-je bien esprouver
Son grant bien ; car oncques oultrage
Ne me fist, dont me deust grever.
Mais ains qu’il fust temps de lever,
Cent fois baisa, si com je tien,
Sanz villennie autre rouver ;
Et certes le doulz m’aime bien !
Et disoit par si doulz langage :
« Dieux m’a fait à vous arriver,
Doulce amie ; et pour vostre usage
Je croy qu’il me fist eslever. »
- ↑ M. Francisque Michel a publié ce rondeau de Christine, d’après le manuscrit du Musée britannique (Bibl. Harléienne, no 4431), dans les Spécimens of the Early poetry of France, by Louisa Stuart Costello, dont il a été le collaborateur, p. 106. (V. sa notice sur Christine, p. 97.)