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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/57

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à la plus intéressante de ses œuvres poétiques, qui est pour nous la dernière page connue de sa vie. On remarquera du moins que l’année où elle disparaît sans retour dans son abbaye, après y avoir pleuré si long-temps les maux de la France, est précisément celle où le vertueux Gerson meurt, après avoir consommé sa tâche de docteur très chrétien et de citoyen dévoué à son pays (12 juillet). L’un et l’autre arrivaient ainsi au terme de leur course ; et toutes leurs pensées, toutes leurs espérances pouvaient encore se confondre au but de leur généreuse mission. Singulière concordance dans la vie de ces deux personnages, lorsqu’on songe qu’ils étaient nés la même année, en 1363, et que Christine, partie de Venise avec sa famille, allait se fixer et s’instruire à la cour de Charles V, tandis que les parens du futur chancelier l’envoyaient à Paris pour étudier, comme boursier, dans le collège de Navarre, et recevoir à son tour les bienfaits de la même royauté. Ainsi la Providence rapprochait, comme pour les aider dans la vie, les deux plus belles âmes qui, dans ces temps malheureux, fissent honneur à l’humanité.