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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/97

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ruption au milieu d’une incessante rénovation de faits et d’idées, ce serait déjà établir en sa faveur un préjugé bien puissant pour lui rendre une part de sa vieille gloire ; et peut-être la lui restituerons-nous tout entière, si nous songeons que ses écrits, durant un siècle d’injuste indifférence pour le passé, ont toujours trouvé des éloges et des imitateurs.

Quant aux adversaires que lui attira sa lutte contre le Roman de la Rose, ils firent bien mieux encore ressortir l’autorité et le caractère de son influence. Ils montrèrent surtout dans tout leur jour les tendances morales de son école ; mais leur appréciation sera l’objet d’un autre travail : notre seul but ici est d’étudier Christine comme écrivain, et de chercher d’abord sa valeur littéraire sur le théâtre où elle l’exerça, c’est-à-dire auprès de la noblesse et de la cour ; car c’est là où les lettres nationales furent toujours préférées aux lettres classiques, qu’il faut commencer à étudier l’opinion qu’on s’était formée de ses écrits ; c’est là d’ailleurs qu’élevée par les bienfaits de Charles V, elle avait obtenu par ses talens variés la protection de tous les princes du sang français. Le duc d’Orléans, en particulier, qui ne se fit pas moins remarquer par son goût pour la poésie que par ses mœurs frivoles et chevaleresques, semble lui avoir témoigné une bienveillance constante. Christine lui avait d’abord dédié l’Épître d’Othéa, déesse de Prudence ; plus tard, elle lui adressa à plusieurs re-