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Richard III[1], traduisit les Proverbes Moraux de Christine. En 1489, Henri VII, juge compétent en pareille matière, fit traduire à son tour le Livre des Faits d’armes et chevalerie du même auteur : preuve non équivoque de la valeur qu’on avait attribuée jusqu’alors à ses écrits. Or, cette estime, que les vainqueurs d’Azincourt et leurs descendans accordaient à ces ouvrages, aurait assurément suffi pour les rappeler à l’attention de Charles d’Orléans, si ce prince et son frère, le comte d’Angoulême, depuis l’année 1412 retenu comme otage à la cour de Londres, avaient pu oublier les poésies dédiées à leur père, et tous les ouvrages de Christine si recherchés à la cour de France.

Remarquons enfin comment le goût de la poésie se perpétua dans la famille d’Orléans : après l’avoir accompagnée dans la captivité, il monta avec elle sur le trône de France. François Ier le fit régner à sa cour. Mais ce qu’il y a de curieux, c’est que la renommée de Christine se perpétue autour de la personne de ce prince, comme si elle le suivait par une sorte d’affinité et de tradition héréditaire. Ainsi les poètes du xvie siècle qui font le plus bel éloge de Christine, sont précisément les deux Marot, Jean et Clément, tous deux valets de chambre du monarque ami des belles-lettres. Le premier, qui avait été secrétaire et poète en titre d’Anne de Bretagne,

  1. Voyez les Œuvres de Shakspeare, t. XII, p. 181, édit. de M. Guizot.