Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/53

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trois ans, malade, en proie à la fièvre, est couché au dehors, par terre, à huit pas de la maison, couvert des restes déchirés d’un sarrau. Il aura froid dans l’humidité lorsque la fièvre va se passer, mais cela vaut encore mieux que de rester dans une chaumière de 3 mètres avec un four démoli, au milieu de la saleté et de la poussière avec les quatre autres enfants. Le mari de cette femme est parti et disparu. Elle se nourrit elle-même et nourrit ses enfants malades avec les croûtes qu’elle reçoit en mendiant, mais il est difficile de mendier, car dans le voisinage on donne peu. Il faut aller loin, à 20 ou 30 verstes, et abandonner les enfants. Et elle le fait. Elle recueille des morceaux, les laisse à la maison et, aussitôt que la provision touche à sa fin,