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Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/60

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verse leur contenu dans la charrette sans roues et les compte. Une petite fille, habillée d’une chemise sale à tel point qu’elle paraît grise, et décoiffée, se serre contre la femme et l’empêche de travailler. L’homme est le compère de la femme. Il est venu pour l’aider à vanner et à verser l’avoine. La femme est veuve, son mari est mort il y a plus d’un an, et son fils est parti soldat pour les exercices d’automne ; sa bru est dans la maison avec ses deux petits enfants : l’un, encore nourrisson, est sur ses bras ; l’autre, âgé d’environ deux ans, est accroupi sur le seuil et crie pour exprimer son mécontentement. Toute la récolte de l’année est formée par l’avoine, dont la totalité entrera dans la charrette : il y en a à peu près 21 quarts. Tout ce qui est resté du blé,