Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/65

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camarade encore avaient pris des « billets » (passeports) pour s’en aller, et qu’alors il a dit à un paysan qu’il ne fallait pas se quereller ; en réponse de quoi, ce paysan l’a jeté à terre et se mit à marcher sur lui, c’est-à-dire lui a broyé la tête et la poitrine. La vérité est qu’après avoir pris les passeports les paysans ont offert chacun 1 litre et demi, et que l’ancien bailli, qui avait détourné 50 roubles de la caisse publique, a offert 1/2 vedro[1] en récompense de ce qu’on lui a permis de payer en trois délais, de sorte que les paysans étaient complètement ivres.

J’ai tâté et examiné le malade. Il était en parfaite santé et avait très chaud sous les hardes dont il était couvert ; il n’y avait

  1. Un vedro, 12 litres.