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Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/232

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bien une vie de prison ; du moins notre prison était tranquille et nous n’avions pas de geôliers. Comment d’ailleurs songer à nous au milieu de tant de calamités publiques !

Ce fut là que la nouvelle de la mort du Roi vint jeter le désespoir dans nos cœurs. Bon et malheureux prince ! qui, en butte à tant de haines injustes, ne parvint à haïr personne, qui avait des intentions si droites et si pures, un si grand amour pour la France, qu’il l’aima jusque sur l’échafaud !

Beaucoup l’ont pleuré ; mais je vous laisse à juger si beaucoup avaient autant de motifs que nous de le pleurer.

Nous vivions ignorées du monde entier dans la retraite où nous étions comme ensevelies ; le seul moyen de vivre dans cette horrible époque, c’était de se faire oublier. Nous ne recevions ni lettres ni journaux. Une fois