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Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/245

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dangereux ; il y avait dans la prison ce que l’on appelait des moutons ; c’étaient des espions chargés de recueillir les paroles imprudentes qui pouvaient compromettre les prisonniers. Leurs dénonciations étaient par conséquent fort à craindre, car elles pouvaient devenir le point de départ d’un acte d’accusation.

Chacun, sur ses gardes, ne se livrait qu’à bonnes enseignes. Du reste, notre vie était si à découvert, que l’on ne pouvait rien y trouver de suspect.

M. de Cassini, dont je vous ai parlé plus haut, s’était fabriqué, au moyen d’un paravent, sur un palier de l’escalier, un petit réduit où il dessinait. Il dessinait très-bien, on venait le voir ; bientôt on lui demanda place près de lui, et il se forma une petite académie de dessin dont il était le chef ; mon frère, ma sœur et moi y fûmes admis.