Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/258

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Royale, nous fûmes étonnées du changement qui s’était opéré dans sa personne. Quand nous l’avions quittée au Temple, quelques jours après le 10 août, nous l’avions laissée faible et délicate, et après trois ans de malheurs inouïs, de mortelles douleurs et de captivité, nous la retrouvions belle, grande et forte, et portant dans tous ses traits ce grand air de noblesse qui est le caractère de sa physionomie. Je fus frappée, comme ma mère, de ce que sa figure offrait un mélange des traits du Roi, de la Reine et de Madame Élisabeth. Madame nous parla de ses malheurs avec une douceur angélique, et, quelle que fût la profondeur de son affliction, nous ne surprîmes pas un seul sentiment d’aigreur contre les auteurs de ses maux. Elle plaignait les Français et elle aimait le pays où elle avait tant souffert. Ma mère lui ayant dit qu’elle désirait sa sortie de France pour