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Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/262

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qu’ils ne prolongèrent pas leurs questions et ne renouvelèrent pas leurs visites. Malgré tout son courage, Madame, elle nous l’avoua elle-même, était si fatiguée de sa solitude, qu’elle se disait : « Si on finit par mettre auprès de moi une personne qui ne soit pas un monstre, je sens que je ne pourrai m’empêcher de l’aimer. » Ma mère lui demanda si elle n’avait jamais été malade pendant le temps de son isolement : « Ma personne m’occupait si peu, répondit-elle, que je n’y ai pas fait attention. » Alors elle nous raconta un évanouissement qu’elle avait un jour éprouvé, en ajoutant, sur le peu de cas qu’elle faisait de la vie, des réflexions qui nous firent fondre en larmes. Nous nous retirâmes de cette première entrevue à la fois heureuses et affligées, mais surtout pleines d’admiration pour cette jeune princesse qui, dans un âge si tendre, semblait