Page:Variétés Tome I.djvu/224

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sont tousjours saisis, parce qu’ils n’ont aucuns biens plus apparans, ils s’estoient advisez, comme gens d’esprit, et de faict l’ont executé, de faire nourir par certains paysans de leur eslection des cochons à moytié. Or il est advenu, à leur grand prejudice, que les gensdarmes, passant par leurs villages, ont par force tué ou faict tuer deux desdits cochons, si bien qu’il n’en reste plus qu’un à partir en trois. À present ils se battent à qui aura le grouin. Monsieur le lieutenant, ils vous supplient d’en ordonner.

— Escrivez, greffier :

« Combien que de droict le grouin et la grognerie en appartienne aux esleus privativement à tous autres qui ne se peuvent resjouir de tels accidens, il est ordonné que Chalange en fera la partition, puisque il est cause de la querelle. »

Appelez un autre.

— Grandin ! Grandin ! mettez vostre nez des dimanches, et venez plaider.

— Monsieur le lieutenant, on dit communement que les femmes sont de la nature des fruicts, qu’elles ne preignent leur principalle nouriture que par la queüe ; c’est pourquoi monsieur… monsieur… monsieur… (excusez-moy, je ne le puis nommer à présent, mais pourtant c’est un procureur assez cogneu), qui a eu un mauvais soubçon de sa femme pour avoir trouvé son clerc le soir, comme il alloit coucher, caché sous son lit19, où par hazard il le trouva comme il


19. Aventure qui pourroit être la même que celle à laquelle il est fait allusion à la fin du petit livret reproduit plus haut : les Singeries des femmes de ce temps.