c’est bien à vous à vous plaindre ; vous en devriez avoir tous les neuf mois.
L’Accouchée.
Jesu ! ma commère, je trouve que je n’en ay que trop souvent ; si le bon Dieu se vouloit contenter, je serois bien aise de n’en avoir plus : nous en avons assez pour le bien que nous avons à leur faire.
La Sage femme.
Helas ! Madame, ne dites pas cela, car si notre Seigneur vous punissoit et qu’il vous ostast vostre mary, ce seroit un grand ennuy pour vous.
La première Voisine.
Oüy, ma foy ! Qu’est-ce qu’un homme sert ? Ils sont si desbauchés ! L’autre jour je pensois aller aux champs, j’avois donc oublié quelque chose au logis : je retournay sur mes pas, tellement que je le trouvay couché avec nostre chambrière[1] ; et bien c’estoit encore à moy à me taire, autrement il m’eust fait beau bruict.
La seconde Voisine.
Il y a huict ans que si Dieu m’eust osté le mien, je n’eusse pas l’ennuy que j’ay.
- ↑ Sur ces accointances des maîtres et des chambrières, scandale si fréquent alors, V. t. I, p. 313, 320, et aussi la vingt-neuvième pièce du t. III, p. 343. Il y est question d’une aventure qui avoit réellement eu lieu à Bordeaux, comme nous l’avons appris depuis par un passage de Tallemant, édit. in-12, t, II, p. 139.