Page:Variétés Tome X.djvu/16

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reschal, et mesme se fait aymer du cocher, afin qu’il ne parle pas du lieu où il a mené monsieur l’escuyer : que s’il tarde trop, il s’excuse sur c’est cecy ou cela qui en est cause ; enfin il dit tout ce qu’il veut, hormis la forte amitié qu’il porte à une telle, qui enfin voit et sent son ventre enfler, pour laquelle cause l’un s’en va, et l’autre prend Guillot pour mary, l’autre prend Perette pour femme ; un autre est en fuite pour l’enfant que l’on luy vouloit donner ; l’autre plaide par devant l’official14 et jure qu’il n’a jamais fait cela à la quidante qui veut couvrir son honneur du manteau du mariage ; bref c’est un passe-temps que de voir un tel mesnage en une maison.

Les créanciers, d’autre part, demeurent sans estre payez, car le seigneur dit que pour luy il ne doit rien ; le maistre d’hostel dit qu’il donnoit l’argent au cuisinier ; le gentilhomme15 dit que c’est le cocher


14. Sur ces procès par-devant l’official, dont le résulat ordinaire étoit de forcer le père à prendre l’enfant et à donner une certaine somme, comme dédommagement, à la fille engrossée, V. notre t. I, p. 319–320, note.

15. C’étoit l’homme de compagnie du seigneur : « Le devoir et fonction d’un gentilhomme auprès du seigneur, dit Audiger, est de luy tenir compagnie, de faire les honneurs de la maison, d’entretenir les personnes de qualité qui luy viennent rendre visite, luy donner la main lorsqu’il est malade ou incommodé, et l’accompagner à la chasse et à la promenade. Il faut qu’il soit lettré, et ordinairement, quand on prend un gentilhomme, on cherche une personne de science et spirituelle, qui ait toujours quelque chose d’agréable dans sa conversation, et propre à aller complimenter les amis du seigneur sur tous les