Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/114

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fist tendre ses herberges. Tandis com il attendoit là la venue des Esclavons que il avoit mandez, noveles li vindrent que Wilzimus, li rois des Abrodiciens, s’estoit enbatuz en un enbuschement que li Saine li avoient basti sor l’iaue de Wisaire et que il l’avoient là occis en trespassant le flum. Cit faiz et ces noveles esmurent le roi contre les Saines plus encore que il n’estoit devant. Tot destruit et degasta come tempeste quanque il trovoit devant lui, et puis retorna en France. Mes avant que il se partist de Saisoigne, quant il seoit encores en ses herberges sor le flum d’Albe, vindrent à li li message des Huns qui habitent en Pannonie. Là promist au roi Thudons[1], li uns des plus nobles hons de cele gent, que volentiers devendroit crestiens. Li rois retorna à Es la Chapele, là celebra la Nativité et la Resurrection, ausi com il avoit fait l’année devant.

[2]En ce tens morut li papes Adriens, en la cité de Rome[3]. Après li tint le siege uns autres qui ot non Leons. Tantost après ce que il fu sacrez, envoia au roi les clés de l’eglise Saint Pere et l’enseigne de la cité de Rome, et mainz autres presenz, et si li manda que il envoiast à Rome aucun de ses princes qui, de par li, receust les sairemenz en l’obedience du pople de la

  1. « Venerunt ad eum legati de Pannonia unius ex primoribus Hunorum, qui apud suos Thudum vocabatur » (Éginhard). Pertz (Mon. Germ. hist., Scriptores, t. I, p. 181, note 21) pense que Tudun est le nom d’une dignité et non d’un homme, bien que la Chronique de Moissac (Ibid., p. 302) désigne sous ce nom un homme, « regulus quidam nomine Thodanus ».
  2. Annales d’Éginhard, année 796.
  3. Adrien Ier mourut le 25 décembre 795 ; son successeur Léon III, élu le lendemain 26, fut sacré le 27.